Cette réglementation pourrait avoir un impact significatif sur les choix technologiques dans ce secteur. Dans l'attente des retombées de cette révision, examinons les solutions actuellement en place, telles que détaillées par l'Association Française des Pompes à Chaleur (Afpac) dans son dernier dossier, prochainement disponible sur leur site.
Le tertiaire, représentant un milliard de mètres carrés chauffés selon une étude CEREN 2020, a consommé 16% de l'énergie totale consommée en France en 2021, dont 100 TWh pour le chauffage, comme indiqué dans une publication GDD/SDES de 2022. Les principaux secteurs englobant les deux tiers de ces surfaces sont les bureaux, le commerce (y compris les centres commerciaux et les commerces de centre-ville), ainsi que l'enseignement, de la petite enfance aux universités et grandes écoles.
Le secteur tertiaire est soumis à une réglementation stricte, notamment le décret tertiaire entré en vigueur le 23 juillet 2019. Celui-ci impose une réduction de 40% de la consommation d'énergie d'ici 2030, 50% d'ici 2040, et 60% d'ici 2050 pour les bâtiments existants de plus de 1000 m², par rapport à des valeurs absolues ou à une année de référence entre 2010 et 2019.
Les pompes à chaleur (PAC) jouent déjà un rôle significatif dans le chauffage du parc tertiaire, représentant 6% de la surface chauffée, soit 58,6 millions de m². Cependant, elles sont plus répandues dans certains secteurs, tels que les bureaux, l'hôtellerie et les grands commerces, tandis qu'elles restent relativement rares dans l'enseignement et les établissements de santé.
Selon l'Afpac, les pompes à chaleur air/air, y compris les Débits de Réfrigérant Variable (DRV), pourraient prendre une part importante du marché d'ici 2040-2050, représentant 35% du marché des PAC et 20% du marché de la rénovation. Cependant, il est important de noter que cette projection peut ne pas tenir compte des implications de la récente révision du règlement F-Gaz, qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Les DRV, en tant que solution courante dans les bureaux, sont des pompes à chaleur air/eau dont les unités extérieures sont reliées à plusieurs unités intérieures. Leur avantage réside dans la faible taille des canalisations de fluide par rapport aux systèmes utilisant de l'eau glacée. De plus, les DRV affichent un rendement énergétique élevé, avec des EER entre 3,23 et 3,40 et des COP de 3,9 à 4,35, selon les modèles.
Cependant, la révision du règlement F-Gaz souligne un inconvénient majeur des DRV, à savoir l'utilisation de réfrigérants tels que le R410A et le R32, dont le Potentiel de Réchauffement Global (PRG) est supérieur aux nouvelles normes établies par la réglementation. L'Afpac suggère que les pompes à chaleur air/eau et eau/eau pourraient être des alternatives plus judicieuses, car elles permettent également de chauffer et de rafraîchir simultanément, tout en utilisant des réfrigérants plus conformes aux nouvelles normes.
Les pompes à chaleur sur boucle d'eau, une option proposée par l'Afpac, constituent une solution efficace pour les immeubles de bureaux, les centres commerciaux et d'autres applications. Ces systèmes eau/air intérieurs sont reliés à une boucle d'eau parcourant le bâtiment, offrant une flexibilité accrue. Intuis, un spécialiste français, propose des Unités thermodynamiques de Confort individuel (UtCi), certifiées NF Pompe à Chaleur, adaptées à diverses applications, notamment la réversibilité, les cassettes, les consoles et les unités à haute efficacité énergétique.
En outre, les rooftops, des pompes à chaleur équipées de compartiments pour le traitement de l'air, sont mentionnés comme une solution normale dans les cinémas, les salles de spectacle et les grands commerces. L'Afpac évoque également les pompes à chaleur gaz à absorption fabriquées par Robur, bien que leur adoption sur le marché français soit limitée. Les pompes à chaleur à moteur thermique à gaz, proposées par Panasonic avec sa gamme ecoG, sont également mentionnées, bien que l'électrification soit actuellement privilégiée.
Suite à cet article, Olivier Michoux de l'Afpac souligne la conscience de l'association concernant la révision du règlement F-Gaz et la nécessité de mettre à jour les perspectives. Il explique que le guide actuel offre un état des lieux objectif des solutions existantes dans le secteur tertiaire, mais qu'une mise à jour est prévue pour tenir compte du contexte réglementaire en évolution.
En conclusion, ce guide de l'Afpac constitue une première étape dans la sensibilisation à l'utilisation des pompes à chaleur dans le secteur tertiaire, tout en soulignant la nécessité de s'adapter aux évolutions réglementaires en cours, notamment la révision du règlement F-Gaz. L'avenir de ces technologies dans le domaine tertiaire dépendra de leur capacité à répondre aux exigences croissantes en matière d'efficacité énergétique et de réduction des émissions de gaz à effet de serre.